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Château de coton

Château de coton

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écidément, après un mois passé en Grèce, nous voilà repartis pour un autre mois sur les routes Turques. Sachant que dix à douze mois étaient dédiés à la traversée de plus de vingt pays, notre calcul est rapidement fait : Nous sommes en retard ! Mais que dis-je ? Le retard existe-t-il lorsqu’on parle d’aventure ? Il le pourrait, seulement dans la condition ou il nous ferait prendre un risque pour notre vie mais il n’en est rien. Nous sommes en pleine forme et beaucoup de choses nous attendent encore. La raison de notre lenteur en Turquie possède plusieurs explications. Nous avons d’abord subi une météo plutôt capricieuse depuis notre arrivée. Entre les trombes de pluie incessantes de la côte sud et le froid hivernal (et anormal) des hauteurs, tout semblait vouloir nous retenir. Il serait laborieux de narrer l’ensemble de nos péripéties dans ce merveilleux pays et l’envie de vous proposer plus de photographies a fait son bout de chemin dans nos esprits. Après tout, je suis photographe et même si je ressens une certaine déception quant à la qualité de mes dernières photographies, il faut y croire et continuer à prendre des clichés, malgré la fatigue, l’énervement, les déceptions, et le peu temps que la vie de voyageur m’accorde pour exercer ma passion.


Arrêtons nous aujourd’hui à Pamukkale. Ce nom signifie littéralement « château de coton » en turc. Dès note arrivée sur le site, nous comprenons rapidement pourquoi. Plus de 17 sources d’eau chaude (45 degrés Celsius) se déversent sur les pan de cette colline déjà connue à l’époque romaine. Saturées en sels minéraux et autres gaz carboniques, ces écoulement forment de larges baignoires remplies d’une eau turquoise. En séchant, ces composés durcissent et forment une montagne blanche immaculée.

Il y a plus de 20 ans de cela, mes parents s’étaient rendus sur ce site et avaient pu se baigner dans les bassins naturels. Un spectacle qui nous faisait envie mais il n’en fut rien. Trop de touristes, trop de pieds sales et la magie s’est éteinte. Le site, protégé par l’UNESCO est désormais fermé aux touristes. Ne subsistent que quelques bassins artificiels dans lesquels des centaines de Chinois s’empressent de se jeter. Même si l’on sait que ces mesures préservent la qualité de la pierre et la pérennité du site, il y a toujours quelque chose de déplacé dans leurs comportements. Un manque de respect total des autres visiteurs qui assistent à ce spectacle désolant. Même les touristes turcs peinent à trouver la place pour tremper leurs chevilles et apprécier les lieux. Néanmoins, on se console en se disant que ces mesures de protection nous permettent de pouvoir gravir la colline et marcher pieds nus sur ce spa naturel déjà bien connu des civilisations antiques.

Nous continuons notre progression et atteignons le sommet. Ça y est, nous sommes des centaines. Les touristes les moins courageux sont arrivés en bus par le haut de la montagne et ne descendent que quelques mètres pour atteindre les premiers (faux) bassins. Nous ne savons plus où marcher. C’en est trop pour nous. On préfère escalader le parapet et se mettre à l’abri de cette liesse populaire sans aucun sens. On peut apprécier le panorama d’ici et la vue est imprenable. On aperçoit les montagnes au loin et on se rappelle des derniers kilomètres parcourus en 4X4 à travers ces routes pittoresques. Là est notre récompense. Plus au sud du sud, nous repérons un petit sentier qui serpente autour de l’ancien site. Les sources ont été coupées mais on peut toujours admirer ces baignoires naturelles qui autrefois recevaient les touristes. Quelques parapentistes décollent d’un peu plus haut et s’amusent à virevolter au-dessus de nous. Nous marchons un peu plus et tombons sur la partie haute du site. Visitable mais détestable. Les anciens bains ont été transformés en piscine municipale adoptant plus le visage de Disney land que d’un site naturel. Nous rebroussons chemin. La météo s’améliore. Nous envisageons de dormir en tente cette nuit.

Nous repérons un petit camping sans prétention quelques kilomètres plus en altitude. Les températures devraient se maintenir normalement… Quelle surprise en arrivant sur les lieux ! Nous passerons la nuit parmi de nombreux voyageurs. Plus d’une vingtaine de personnes traversent l’Asie mineure et le moyen orient en bus 6 roues motrices ! Oui, ce genre d’expédition existe toujours aujourd’hui. Nous rencontrons également un motard qui entame son voyage de deux ans à travers le monde. Il est Allemand et compte rejoindre la Chine par l’Iran. Certains disent que nous sommes courageux de voyager un an dans un 4×4 mais cet homme dépasse de loin notre courage. Il ne peut dormir que dans une petite tente à côté de sa moto ou profiter de l’hospitalité des locaux pour obtenir gîte et couverts. Nous discutons, partageons sur note équipement, apprenons d’eux, leur transmettons nos retours d’expérience en cinq mois de voyage à travers l’Europe (Il ne faut pas forcément partir loin pour se trouver en difficulté). La nuit est calme, le souffle du vent est léger, nous dormirons sereinement ce soir. Une chose est certaine, nous dormirons les pieds propres et la peau assainie par les eaux tièdes et curatives des sources de Pamukkale.

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