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L’appel du Grand Nord

L’appel du Grand Nord

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a traversée des pays de l’Europe de l’Est aura été plus rapide que prévue, la faute à une météo peu clémente qui nous poursuit depuis la Turquie et l’arrivée du printemps. La pluie, voire la neige en Slovaquie, nous oblige à avancer. Nous quittons donc la région pour tenter notre chance en Scandinavie. Départ de Gdansk, en Pologne, direction la Suède. Jamais un embarquement n’aura été aussi rapide et fluide ! La cabine du ferry est impeccable, le personnel serviable, un endroit sur le pont est réservé à Spooky. Ah, on n’aura beau dire, l’Europe du Nord c’est autre chose après les mésaventures que nous avons pu connaître avec les compagnies méditerranéennes !

On ressent le lien fort entre les quatre pays. La Scandinavie, c’est une autre Europe.

Nous arrivons donc aux environs de Stockholm après une bonne nuit récupératrice. La traversée aura duré 18 heures, c’est donc la plus longue du voyage. Il fait 24 degrés dehors et le soleil est au rendez-vous. Nos aventures scandinaves s’annoncent donc de bon augure. Avant même le débarquement, nous sommes séduits par la quantité d’îles au travers desquelles le ferry se fraye un chemin pour atteindre le port de Nynashamn. On traverse Stockholm assez rapidement; l’après-midi est déjà bien engagée et il nous faut trouver un endroit où passer la nuit; mais nous ne sommes pas pour autant insensibles à son charme. On aperçoit de belles architectures par la fenêtre et nous sommes séduits par le réseau de canaux qui traversent la capitale. Elle aurait certainement mérité une visite plus détaillée mais c’est ainsi, nous évitons les capitales depuis le début et ce n’est pas par hasard : difficile de dormir en tente de toit en pleine ville ! Nous faisons donc halte au bord d’un petit lac, entouré de ces petites maisons typiques peintes en rouge que l’on retrouvera tout au long de la traversée de la Scandinavie.

Le lendemain est consacré à la visite de la petite ville de Sigtuna, connue pour être la plus ancienne du pays. Nous sommes immédiatement conquis par cette petite bourgade et son architecture si caractéristique. On visitera ensuite Tallberg qui nous fera le même effet. On adore toutes ces petites maisons rouges mais on a cette impression étrange d’avoir débarqué aux États-Unis. Au milieu de toutes ces maisons en bois peintes en rouge, de ces quartiers résidentiels où tout semble avoir été pensé dans le moindre détail, on n’est pas certains d’être les bienvenus…On comprend assez rapidement en se promenant dans la rue pourquoi les scandinaves ont la réputation d’une certaine froideur. Ici, tout est propre et beau, mais c’est plutôt chacun chez soi. On se demande aussi comment se passe l’intégration dans ces pays quand on croise des (très rares) personnes voilées ou de couleur …. Mais c’est un autre débat dans lequel je n’entrerai pas.

Heureusement pour nous, nous avons prévu de rapidement « quitter la civilisation » en empruntant la E45 qui traversent la Suède par l’intérieur des terres et ce, jusqu’aux confins Nord du pays. A partir d’ici, plus grand monde sur les routes. Les infrastructures se limitent au strict minimum. Quelques supérettes et des stations essence. On s’est demandé à quoi pouvait ressembler la vie des gens par ici. Il n’y a semble-t-il guère de « distractions » comme on en connaît chez nous : pas de restaurant, pas de cinéma, pas de boulangerie, pas de bar … Alors qu’il s’agit d’un pays si riche et développé, il semble que la population sait ici se contenter de peu, du strict nécessaire. Et on imagine que les conditions climatiques hivernales jouent aussi fortement et par conséquent, viennent renforcer la réputation plutôt casanière des scandinaves !

En résumé,  on ne peut pas dire que nous ayons eu l’opportunité d’interagir beaucoup avec la population suédoise, à notre grand regret, mais nous avons par contre eu un réel coup de cœur pour leur  » camping way of life », cette philosophie de vie au grand air qui transparait à travers les différents spots de bivouac où nous avons passé la nuit. La E45 traverse des centaines de kilomètres de forêt, le plus souvent exploitées, mais aussi parsemées de « Naturreservat », des petites réserves naturelles. On ne sait pas trop si les abris que nous avons occupé étaient entretenus par la population ou par le personnel des réserves… Un peu des deux certainement. En tous cas, nous avons été étonnement surpris de trouver des installations pour faire un feu, des toilettes sèches, des tables de pique-nique, voire même du matériel pour faire la cuisine chaque soir ! Et bien évidemment, toujours un abri pour se protéger du vent, de la pluie et du froid ! Pour nous qui voyageons en 4*4 et dormons en tente, c’était vraiment le paradis.

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On dirait que le camping constitue véritablement un art de vivre pour les suédois. La plupart des spots étaient situés en bord du lac avec un panorama grandiose et, toujours présente, la réglementation pour la pêche. Ça aussi, c’est quelque chose que j’admire dans la mentalité suédoise, ce rapport à la nature et cette confiance que l’on peut avoir dans le fait que la population respectera la règle. Pour sûr, ça me change de Madagascar ! Ici, on vient donc certainement bivouaquer, pêcher et faire un barbecue le week-end, en famille ou entre amis… Et on s’en va sans laisser la moindre trace de son passage ! En ce qui nous concerne, nous n’avons jamais croisé personne mis à part quelques rennes le long de la route et un moose que Lucas a eu la chance d’apercevoir !

D’ailleurs, cette traversée suédoise a étonnamment fait résonner des souvenirs de l’Australie en Lucas… pas si surprenant que ça en fait lorsque l’on y réfléchit un instant : le mélange de ce rapport à la nature avec un mode de vie à l’anglo-saxonne, ça donne le « Camping/ Fishing/ Boating way of life » à l’australienne mais sous d’autres latitudes ! On doit d’ailleurs certainement retrouver cela au Canada. Bref, dans toutes ces régions du monde qui ont la chance de bénéficier de grands espaces naturels avec de faibles densités de population. Et avec moins de 10 millions d’habitants et plus de 100 000 lacs, la Suède se positionne plutôt bien parmi les destinations de cette catégorie. Et nous, c’est ça qu’on aime et qu’on recherche !

Pas de nuit en ces latitudes. Il faut s’habituer à ne jamais voir l’obscurité s’abattre.

Doucement mais sûrement, nous atteignons enfin la Laponie, le territoire des Samis en traversant les villes d’Arvidsjaur, de Jokkmokk et de Kiruna. Je rêve déjà de revoir ces lieux en plein hiver, recouverts de leur manteau blanc, ce doit être tellement féerique dans la magie de Noël. En attendant, c’est plutôt la saison creuse en cette fin du mois de mai et nous choisissons d’aller passer la nuit chez des mushers qui ont construit des petites « cabines » pour accueillir les touristes. Les soirées au coin du feu c’est bien, mais il est grand temps de prendre une douche chaude ! A défaut de faire une balade avec les chiens de traîneau, on va donc leur rendre visite chez eux et on est plutôt contents de rencontrer (enfin !) des suédois et d’échanger un peu avec eux.

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Le lendemain, nous prenons la route du parc national d’Abisko, notre point le plus au Nord avant de bifurquer vers la Norvège. Les emplacements 5 étoiles en forêt, c’est terminé. Mais on se gare sur une aire de repos qui conduit au parc et qui bénéficie, elle aussi, d’un abri contre les intempéries. On y fait la rencontre d’un voyageur allemand à vélo. Il a déjà parcouru le monde pendant près de deux ans avec son biclou : De l’Allemagne jusqu’à l’Asie du sud-est ! Mais cette fois-ci, il est en vacances. Il se contentera de trois semaines à travers Finlande, Suède et Norvège ! Je suis admirative de la performance … et je me dis qu’il serait tant que je remonte sur un vélo pour voir (et qu’on rigole !). On partage un repas, au sec dans l’abri, et on décide de faire ensemble une randonnée dans le parc le lendemain. Comme toutes les belles rencontres de ce voyage, celle-ci fut fugace mais intense ! Nos routes doivent maintenant se séparer. Nous allons au Lofoten et lui va rejoindre Narvik.

 

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