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on loin de Brisbane, au large d’Hervey Bay, se cache une des perles naturelles d’Australie qu’il est impossible d’éviter. Reconnue comme la plus grande île de sable au monde et un des joyaux de la Gold Coast, Fraser Island ne peut être découverte qu’à bord d’un 4×4 en règle car tout repose sur du sable.Il n’existe pas de terre là-bas, même les plus grands arbres s’enracinent profondément dans les dunes et forment des forêts parfois aussi dense qu’en Amazonie. On se demande souvent comment cette île de 123 km de long sur 15 de large a pu se développer et laisser toute une vie se répandre sur sa surface, ses plages ainsi que ses lacs. Car oui, on y trouve plus de quarante lacs d’eau douce pure et limpide dont le célèbre lac Mac Kenzie. Pour se déplacer, nous devons abandonner notre break familial pour louer un véhicule tout terrain capable d’emprunter les pistes de sable inland desservant les différents points d’intérêt de l’île : notre aventure commence…
Il faut monter notre 4×4 sur un ferry au départ d’Hervey Bay pour rejoindre Fraser et nous nous rendons rapidement compte que le bateau transporte des dizaines de 4×4 sur-équipés dont l’allure rappelle les véhicules du Paris-Dakar. En regardant le notre, nous nous rendons vite compte que les autorités ne rigolent pas avec l’importance de maitriser son véhicule, d’analyser le terrain et de se former aux bases du pilotage off-road. Nous avons simplement regardé machinalement un vulgaire tutoriel vidéo de 15 minutes qui, loin de nous rassurer sur l’aspect ludique de la pratique, expose nombre d’accidents parfois mortels arrivés sur l’ile ses dernières années… On comprend rapidement que notre loueur est plus soucieux de retrouver ses véhicules en un morceau que de voir ses clients prendre loisir à piloter sur l’île… Mais peu importe, nous nous empressons de démarrer dès le pont levis du bateau abaissé et entamons notre itinéraire.
Peu de choses à faire sur Fraser Island, il suffit juste de la parcourir et d’ouvrir grand les yeux.
Nous empruntons les pistes sinueuses à travers forêt et tentons péniblement de ne pas ensabler le 4×4. Il nous faudra quelques kilomètres pour appliquer les leçons sur le bloquage de différentiel et pouvoir enfin nous amuser. La végétation devient plus dense, les arbres se transforment progressivement en Cathédrales nous plongeant dans une obscurité peu commune sur la Gold Coast. Aux bifurcations, nous découvrons des vieux panneaux de bois indiquant les différents lieux-dits de l’île : Nous décidons de nous diriger vers le Lac Mac Kenzie aux eaux cristalline et au sable le plus blanc du monde parait-il.
La présence de touristes asiatiques réunis par centaines sur la plage nous décide à longer les berges du lac pour trouver un endroit plus serein afin de profiter de ce petit paradis. Nous traversons quelques jardins naturels de fougères et c’est au travers de l’une d’entre-elles que notre regard se trouve attiré. Une couleur bleutée intense contrastée par un blanc aveuglant qui nous oblige à remettre nos lunettes de soleil (bon, c’est vrai j’exagère) mais nous y sommes. L’impression de rejouer la scène du très mauvais « The beach » avec Léonardo Dicaprio sans Virginie Ledoyen ni trafiquants de drogues. Le sable est bel et bien de la farine. La plus blanche et fine jamais cuisinée en pâtisserie… Nous jettons nos t-shirts précipitamment et sautons dans cette eau fraîche que l’on s’amuse même à boire : C’est de la Vittel ! C’est la capacité filtrante du sable qui offre à cette eau cette pureté composée principalement d’eau de pluie…
Nous n’avons que deux jours de location du 4×4, l’île est grande, trop grande.
Nous reprenons les pistes et atteignons une des longues plages de l’île. À notre étonnement, nous apercevons au loin ce qui s’apparente à des agents de pistes d’aéroport. Nous nous approchons à faible allure jusqu’à ce que l’un d’entre eux nous ordonne de stopper notre véhicule et de nous mettre sur le « bas côté ». Vous comprendrez notre surprise en regardant la vidéo ci-dessous :
Et oui ! Certains propriétaires d’avion de Brisbane viennent sur l’île et ils n’hésitent pas à atterrir sur la plage, ce qui à première vue, paraît totalement stupide quand on voit le nombre de 4×4 qui y circulent dans la journée…
Mais notre objectif est plus lointain. Nous continuons à longer plusieurs plages séparées par d’énormes dunes qu’il faut dépasser. Nous apercevons plus de véhicules soudainement. Tous viennent se garer en rangées bien alignées et leurs occupants empruntent un petit sentier à travers dunes. Ce sont les fameuses champagne pools qui nous intéressent. Des formations rocheuses et de corail ont créée des piscines naturelles d’eau de mer régulièrement remuées par les vagues, ce qui forme des milliards de petites bulles. On prend un bain de soda naturel finalement et c’est une sensation assez étrange à vrai dire.
Après une nuit passé en bivouac dans le centre de l’île, notre dernière journée sur l’île paraît trop courte. Nous décidons de rejoindre les dunes du Nord avant de reprendre le ferry de retour sur le continent. On se retrouve subitement propulsé dans un désert laissant apparaître quelques petits lacs (Lac Waby) d’un vert émeraude profond. On abandonne alors le 4×4 pour se promener entre ces gigantesques dunes de sable. Des instants magiques rythmés au son léger d’un vent qui siffle doucement nos oreilles. On dirait parfois qu’un murmure tente de nous dire a quel point la quiétude de ce lieu doit être préservé et on apprécie qu’il soit aussi difficile d’accès. Certains bus 4×4 commencent à faire leur apparition mais leur circulation est extrêmement réglementée tant ils peuvent faire des dégâts sur les fragiles pistes de l’île. Espérons que le tourisme de masse n’affectera pas trop cette impressionnante île de sable qui reste chère aux australiens…