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otre pérégrination à Istanbul a commencé par la recherche d’un garage spécialisé dans les Land Rover. Et oui, une fois de plus, Django a besoin d’un petit check-up. Il est revenu de Cappadoce avec quelques bobos que l’on préférerait régler avec de prendre les routes de l’Europe de l’Est… Par chance, la communauté des landistes partage régulièrement ses bons plans et certains des voyageurs que nous suivons ont déjà eus des soucis en Turquie. Nous nous fions donc à leurs conseils et partons à la rencontre d’ Emre à Golcuk, au sud d’Istanbul. Une belle rencontre avec un passionné qui en est à son cinquième Defender qu’il remet à neuf pour son épouse pendant que deux autres attendent en face un lifting total avant de partir pour les États-Unis. Nous sommes donc à la bonne adresse.Après quelques essais sur route, il conclut en toute honnêteté que Django se porte bien. Le jeu dans le demi-arbre de transmission avant n’est pas inquiétant. Notre précédent garage grec nous aurait-il menti ? C’est probable… Mais passons. Notre embrayage grincheux qui a souffert des terrains boueux en Cappadoce devrait lui aussi tenir le coup. Eh bien, nous sommes surpris par tant de bonnes nouvelles et partageons un déjeuner bien agréable en sa compagnie. Nous pensions dépenser une somme folle en réparation et rester bloqués une semaine au garage, mais nous sommes déjà prêts à repartir ! Sauf qu’ Emre peut nous avoir un snorkel pour le lendemain. On avait prévu d’en installer un avant le départ… Et puis notre traverse arrière est en train de rouiller et il peut nous la repeindre dans l’après-midi ! Et tant qu’on y est, il a en stock les protections latérales (checker plates) pour Django. Avec tout ce qu’on lui fait subir, ce ne sera pas de trop ! Bref, nous passons donc deux journées supplémentaires avec Emre, rencontrons son fils et sa femme, et dormons même dans son garage ! Une belle rencontre on vous dit !
Nous pouvons donc nous rapprocher maintenant d’Istanbul. Direction Pendik où des amis de la tante de Lucas ont la gentillesse de proposer de nous accueillir quelques jours. Et quel accueil ! Nous sommes choyés comme des membres de la famille ! C’est vrai qu’au bout de cinq mois passés sur les routes, c’est bon de se rappeler ce que signifie un foyer ou un repas de famille. Et à ce niveau-là aussi on est bien gâtés. Ça y est, on découvre ce que signifie réellement un petit déjeuner turc ! Tous ces fromages, ces fruits secs, ce borek… Mmmh, quel régal pour les papilles ! Il faut dire que les arts de la table, c’est donc un sujet sérieux par ici. Burçay a étudié la gastronomie en Turquie avant d’aller à Bordeaux se spécialiser dans les vins. Et ça tombe bien puisqu’elle est là pour quelques semaines de vacances et que le lendemain, c’est le 101 Istanbul Flavour Festival à Ortakoy ! Heureuse coïncidence ! En gourmands que nous sommes, nous nous joignons bien évidemment à l’événement. Et quel régal pour nos palais ! On ne sait plus où donner de la tête. Du sucré, du salé, des loukoums par ici, des sarmas (farce à base de riz enroulée dans une feuille de vigne) avec leur sauce aux fruits rouges par là, et un baklava en passant… Et puis il y a des exposants qui font des grillades, un peu de cuisine asiatique, des spécialités venues d’Iran, un stand de glaces, un étage entier consacré à la chocolaterie… Autant vous dire qu’on a risqué l’indigestion ! Mais qu’est-ce que c’était bon ! Une petite balade digestive s’impose donc dans le quartier d’ Ortakoy. C’est plaisant de voir tout ce monde dehors en ce beau dimanche après-midi. On se promène, on nourrit les pigeons, on mange des moules farcies. La vie suit son cours dans ce quartier touristique de la capitale. En rentrant, un çay, le thé turc servi dans ce verre en forme de tulipe, et au lit !
Une nouvelle semaine démarre, et pendant que tout le monde retrouve le chemin du travail, nous nous faisons déposer au métro puis prenons un ferry direction Sultanahmet. Enfin, nous allons visiter Istanbul, Byzance puis Constantinople, chargée de tant de chapitres historiques. Pour s’en rendre compte, il suffit de traverser la rue pour accéder au bazar égyptien ou marché aux épices. Et oui, Byzance existait déjà au temps des pharaons. Le bazar vient d’être entièrement restauré et, même si cela reste un attrape-touristes, nous ne sommes pas insensibles aux charmes du bâtiment. En moins bon état de restauration, et avec un peu trop de chinoiseries en vente à notre goût, nous faisons également le tour du Grand Bazar. Personnellement, mon regard est plus attiré par ces messieurs qui transportent des plateaux remplis de çay pour les vendre aux commerçants que par les produits en vente. J’apprécie également toutes ces petites échoppes où l’on vient boire un verre, manger un morceau, autour d’une fontaine datant d’un autre temps.
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Mais passons maintenant aux choses sérieuses. Nous allons visiter Sainte-Sophie. Tour à tour église puis mosquée, ce bâtiment a quelque chose de magique avec son architecture bien chrétienne (coupole, mosaïques, vitraux, etc.) et son iconographie caractéristique (Marie et l’enfant Jésus, l’archange Gabriel, etc.) qui vient se mêler à des versets du Coran et des vitraux musulmans ! On enchaîne ensuite avec la visite de la mosquée bleue, juste en face. Contrairement à Ayasofya qui est aujourd’hui un musée, c’est encore un lieu de culte en activité. La visite est rapide, il y a foule, des travaux de rénovation sont en cours et masquent la beauté de l’édifice derrière de vulgaires bâches plastiques. On note malgré tout l’omniprésence de mosaïques et de vitraux d’une grande finesse. En effet, il s’agissait bien de rivaliser avec Sainte-Sophie et de montrer au monde que les architectes musulmans n’avaient rien à envier à leurs collègues chrétiens !
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On s’accorde une petite glace dans le parc qui sépare les deux édifices avant de prendre le chemin du retour, direction le pont de Galata. Au passage, on tombe devant deux « turkish bath » qui figure dans mon Lonely Planet et qui me font de l’œil… Mais malheureusement, il se fait tard… Alors on profite du coucher du soleil en attendant notre bateau sur le pont Galata pendant que les pêcheurs vaquent à leurs occupations. Il est déjà l’heure de rentrer à Pendik. La journée a été bien chargée et même s’il y aurait encore beaucoup à découvrir, Istanbul nous laissera un beau souvenir. Il est temps de reprendre la route. On partage un dernier repas en famille et ce n’est pas sans un pincement au cœur que nous disons au revoir à nos hôtes, notre famille d’accueil pour ce séjour à Istanbul. On vous remercie sincèrement de nous avoir ouvert votre porte et d’avoir partagé ces moments avec nous. En espérant que nos chemins se croisent à nouveau quelque part sur cette Terre. Encore merci pour tout !