Voilà plus d’un mois qu’aucun article n’est paru sur notre blog et pour cause, pour la première fois depuis notre départ, nous assistons à une phase italienne vide de sens et de découverte. Une pause malheureuse qui pour chaque voyageur au long court de cette planète, vient remettre en question à tord, les motivations de notre voyage. L’erreur est humaine. Quelques semaines à parcourir des terres inhospitalières et nous voilà rongés par le doute et le désistement. Seul un renouveau visuel et spirituel peut en venir à bout et c’est ce cadeau béni que nous à offert la Grèce. Contre toute attente et en dépit de nos préjugés, nous pouvons à ce jour, clamer notre réel émerveillement face à ce pays d’accueil, baignant ses visiteurs d’effluves parfois antiques, modernes, paysagères ou citadines. Avant de vous présenter note récit, nous tenions à clarifier un point qui nous a été reproché à plusieurs reprises depuis quelques temps. Notre prose exacerbée… Il est vrai que nous adoptons un style parfois déconcertant dans note écriture, comparativement aux standards des blogs de voyage actuels. C’est une profonde volonté de nous démarquer en évitant les tendances rédactionnelles modernes, copies de copies d’autres copies que nous nous lassons de lire. Le simple récit descriptif et souvent rébarbatif nous ennuie et lutte à transmettre des émotions aux lecteurs. C’est la raison pour laquelle nous préférons offrir une poésie maladroite mais qui à notre sens, retransmet les émotions ressenties plus « fidèlement ». Si l’effort de lecture est si insupportable, nous nous conforterons dans l’idée que seuls certains pourront nous comprendre et c’est ce qui nous importe. La visibilité, les vues facebook ou le traffic de notre blog ont peu d’importance. C’est ce que nous vivons et offrons qui l’est. Alors à ceux qui préfèrent lire le Huffington Post à longueur de journée, ne vous dérangez pas. Votre bonheur sera trouvable à profusion sur tous ces articles Facebook aussi mensongers, fainéants et inconsistants que possible.
Par ou commencer ? J’écris cet article depuis Bodrum en Turquie. Des pannes avec notre 4×4, des traversées compliquées en mer Égée et quelques événements malheureux sur la côte Turque ont-ils pu venir à bout de nos souvenirs de Grèce ? Ce serait trop facile. En ces temps perturbés, l’homme se raccroche souvent aux mémoires heureuses, aux doux souvenirs du passé et c’est précisément ce que nous faisons aujourd’hui.
Après deux semaines passées au sud de l’Italie, nous avions beaucoup d’attentes pour la Grèce. Peut-être l’envie d’une rémission psychologique rapide et réussie, qui sait ? Fort heureusement pour nous, notre descente du ferry ne manqua pas de surprises. Arrivés à 5 heures du matin au port d’ Igoumenitsa, il nous fallut quinze minutes de voiture pour trouver notre premier bivouac de rêve au bord de ce bras de mer paisible. Une aubaine inattendue après une traversée agitée et de longues heures blanches… Le soleil se lève, nous installons le lit et allons-nous coucher, il faut récupérer.
Nous reprenons la route le lendemain après avoir repris des forces. La météo est douce, le vent léger. Les premiers rayons du soleil réchauffent lentement la peau et on sent des odeurs de printemps. Les nationales et pistes grecques nous offrent un spectacle floral incroyable. Rouges, violettes, blanches ou jaunes, on croirait que ce ne soit pas naturel. La saison est parfaite pour nous malgré les nuits fraîches, les journées sont plus qu’appréciables. Alors on roule et chaque bivouac est de plus en plus paradisiaque. Le rêve a commencé et on s’y complait rapidement. Pourvu que la suite soit à la hauteur…
Parfois lassés des routes secondaires, notre désir d’aventure s’étend aux pistes. Pourquoi sommes-nous attirés par ces dernières ? Car elles sont une promesse. Celle d’une incertitude quant à la destination, la durée du trajet ou la qualité de son revêtement. Malgré les apparences, l’Europe en est truffée. La longue histoire du vieux continent laisse apparaitre un réseau tentaculaire de pistes traversant les régions, montagnes, littoraux ou campagnes. Mais la réelle raison de notre choix réside en la possibilité de ressentir ce sentiment tant recherché par les voyageurs et souvent galvaudé : la liberté. Les pistes transforment les perspectives des paysages. On découvre un autre angle de vue et la nature parcourue se révèle plus sauvage, plus intacte, plus cruelle parfois. Circulant sans carte IGN la plupart du temps, nous utilisons l’application Wikiloc qui permet aux randonneurs, vttistes, voyageurs en 4×4 ou navigateurs de partager des itinéraires hors-routes, nous révélant ainsi de précieuses informations quant à la possibilité d’emprunter un chemin ou non. Nous choisissons dès lors un itinéraire de plusieurs centaines de kilomètres à travers la Grèce, mélangeant route bitumée, littoral et montagne.
Les premiers sentiers de haute montagne nous offrent des panoramas magiques. Côté oriental, les pics de Thessalie parfois couverts de neige, s’accompagnent de riches pâturages verdoyants où troupeaux de bovins et moutons s’agglutinent par centaines. Côté occident, la mer Ionienne dont les îles s’égarent au milieu des brûmes de fin de matinée. La piste est roulante, sèche et bien définie: C’est le rêve.
Nous redescendons progressivement. La piste se rétrécie et les milliers d’oliviers entourent le véhicule peu à peu. Il devient difficile d’avancer. Notre Defender mesure presque cinq mètres de long et nous dépassons les 2,50 mètres de haut. Les branches grincent sur la carrosserie et nous descendons régulièrement du véhicule pour arracher les plus gênantes. Que faire ? Il est trop tard pour rebrousser chemin, il faut alors continuer à avancer dans l’espoir que ces champs d’olivier s’estomperont petit à petit. Mais il n’en est rien. Cette fois, c’est le dénivelé qui devient périlleux. Les pourcentages de pente sont extrêmes et notre poids ne joue pas en notre faveur. Jusqu’à ce moment fatidique, inattendu mais tant redouté : Un effondrement de la piste. Des centaines de kilos de terre ont envahi notre chemin et il nous faudrait des heures avec notre petite pelle pliable pour tout dégager. Après réflexion et étude du terrain, je décide de tenter ma chance et de monter sur le talus afin d’enjamber l’obstacle. Un peu de jeu avec la boîte de transfert et Django, comme à son habitude se comporte incroyablement bien. Les meubles intérieurs craquent et notre matériel est secoué. Mais après quatre mois de pilotage dans toutes les conditions possibles, je commence à maîtriser la bête ! On place quelques rochers afin d’assurer une motricité et une stabilité au 4×4 (évitons de nous retourner ici, aucune dépanneuse ne pourra nous aider). Je transpire à grosses goutte et décide de faire descendre Marina. Inutile de prendre des risques à deux… Le 4×4 se soulève et c’est à très faible vitesse et au bord du précipice que nous passons au-dessus du talus. Nous sommes sauvés, Marina remonte dans le 4×4 et nous repartons.
Mais c’est avec stupéfaction que 200 mètres plus loin, nous découvrons que cette fois, c’est la montagne entière qui s’est effondrée. Inutile de jouer les pros du pilotage, rien ni personne ne passera plus jamais par ici. Il faut faire demi-tour, nous n’avons pas le choix. Après plusieurs manœuvres délicates, nous rebroussons chemin et nous rendons rapidement compte qu’il serait impossible de rejoindre notre point de départ avant la tombée de la nuit.
Heureusement pour nous, une bifurcation sur notre piste nous amène en trente minutes à un petit village côtier désert en cette période de l’année. Nous y dormons, seuls, fatigués mais heureux d’avoir pu sortir de ce piège des montagnes. Comme dit précédemment, la seule garantie que vous avez en empruntant une piste, c’est celle d’en avoir aucune.
Dès le lendemain matin, nous prenons la décision de reprendre des routes plus « littoralesques« . En cas de problème sur la piste, nous ne seront jamais loin de la mer et qui dit mer, dit petit village côtier à proximité. Nous ne regrettons rien, les routes sont splendides et les bourgades traversées le sont autant. On ressent une réelle chaleur du peuple grec à notre égard et contre toute attente, beaucoup parlent anglais. Les mésaventures de la veille sont vite oubliées. Nous atteignons Prévéza et la météo est de plus en plus clémente. On s’arrête ici et là pour pique-niquer, des plages au sable blanc, à l’eau turquoise à perte de côte. Aucun touriste, la saison est propice à la tranquillité. Quelques locaux partagent nos « spots secrets ». Ils sont du coin et connaissent bien la région. Nous sommes toujours acceptés, jamais dérangés et leur sens de la politesse et du vivre ensemble est appréciable après notre expérience sud-italienne.
Que demander de plus ? Une île peut-être ? Nous sommes en Grèce après-tout. Le plus grand archipel d’Europe ! L’île de Lefkada est toute proche, un pont nous permet de nous y rendre et on a entendu beaucoup de bien de cette dernière alors ne traînons pas et allons-y…
Stupéfaction en arrivant. C’est magnifique. Le chef-lieu du même nom que l’île a des airs de village de Provence. C’est le Week-end et beaucoup de Grecs s’y rendent afin de profiter de la tranquillité. Nous apprécions et décidons rapidement d’emprunter les routes de montagne. Elles mènent à la côte sud-ouest de Lefkada. Un petit tour sur notre guide et on découvre des plages désertes ou l’eau possède des couleurs jamais vues auparavant. Les plages sud-australiennes ou Thaïlandaises ne font pas le poids. La raison en est du dépôt calcaire blanc que les énormes falaises rejettent directement dans la mer. Ça rend les plages presque tropicales… Résidant à la Réunion, on ne peut qu’apprécier.
Le temps de faire le tour de l’île et nous sommes déjà de retour à Lefkada (ville). Une dernière photo et nous reprenons notre route vers le sud. Notre objectif : Patras et le Péloponnèse. La partie la plus historique de la Grèce, sans négliger les paysages qui seront tout aussi surprenants. Nous décidons de reprendre les nationales vers le sud. Les décors changent progressivement. La végétation est de plus en plus verte et les fleurs explosent un peu partout. C’est la saison des coquelicots parait-il et nous devrions en voir partout. L’architecture attire également notre attention. La point commun de toutes les bourgades grecques reste la piété. Le moindre petit hameau de quelques maisons de fortune possède en son sein une église orthodoxe. Il y en a absolument partout et chacune possède sa petite différence. Couleurs, forme des dômes, travail du bois sur les portes monumentales ou proximité d’un petit cimetière à l’entrée. Nous nous arrêtons souvent devant ces édifices, prenant quelques photos, espérant que notre visite pourra protéger la suite de notre voyage…
En descendant vers le sud, nous nous rendons compte que la cité antique d’Olympie se trouve un peu plus haut sur les collines. Grands fans de sport et parfois de vielles pierres, nous décidons de la visiter. Malheureusement, et après plusieurs mois de voyage, visitant des sites antiques méditerranéen, nous regrettons toujours de nous retrouver sur des sites sans plan ni carte, a devoir lire des panneaux énormes, souvent usés par l’air salin et le soleil. Quelle tristesse de voir que rien n’a changé depuis mon enfance. Certains sites proposent des animations plus « immersives » permettant de changer la vision de la simple visite classique de sites historiques mais ils sont rares. Le prix de l’entrée est néanmoins toujours aussi élevé et on se demande souvent ce qu’il finance… Site presque à l’abandon, recherches stoppées, services pathétiques et accueil très désirable. On sait souvent en lisant les petites lignes en bas des affiches d’information que l’Unesco finance très souvent la réhabilitation des sites, parfois à coût de million d’Euros. C’est ce qui nous fait toujours hésiter avant d’entamer des visites culturelles malheureusement. Néanmoins, nous décidons d’y faire un arrêt, peut-être parce que cette fois, il s’agit de sport, de stades et de terrains d’entrainement, ce qui semble nous séduire un peu plus.
Le lendemain, nous continuons notre route vers Patras. La ville ne nous intéresse pas mais elle est un passage obligé pour atteindre le Péloponnèse. Après avoir emprunté le pont reliant les deux parties du pays (pas donnée la traversée de ces jolis ouvrages), nous rejoignons la côte et reprenons nos petites habitudes. Les plages sont toujours aussi belles, tranquilles et vides de touristes en cette saison. On se laisse vivre, peu pressés de reprendre la route trop vite. De toute façon, il est compliqué de prendre des ferries avant le début du mois d’avril, allez savoir pourquoi… Alors on descend lentement. Notre vie se résume à préparer les repas, installer et désinstaller la tente de toit et promener note chien Spooky. Finalement, c’est peut-être ça vivre ? Et ça prend du temps. En moyenne, il nous faut 2 heures chaque matins et soirs avant de pouvoir se détendre. La raison ? Entre la vérification du véhicule, l’installation de la tente, le nettoyage de la vaisselle, le rangement des vêtements ou accessoires informatiques, le choix de l’emplacement et la mise à plat du 4×4, le temps est écoulé. Notre temps de trajet doit donc être contenu entre 10h30 du matin et 16H00 en général. Il vaut mieux être arrivé avant la tombée du jour car les manœuvres par faible lumière peuvent s’avérer très dangereuses.
Nous atteignons progressivement les dents du Péloponnèse. Elles sont quatre. Quatre péninsules gigantesques qui regorgent de paysages magnifiques. Sur la route, la cité de Nauplie qui mérite un court arrêt. Nous escaladons les interminables marches qui mènent à son fort. Perché sur la colline environnante, il nous offre une vue imprenable sur la baie et la vielle ville. Le temps de redescendre et notre appétit se met en éveil. Nous n’avons pas beaucoup profité des mets grecs dont la réputation n’est plus a faire. On mange bien en Grèce et plus largement dans tous les pays méditerranéens. Les recettes sont souvent composées de viandes de poulet, agneau ou bœuf grillés en brochettes et préparés avec Yaourt, citron, tomate et oignons. C’est juste délicieux et les prix sont acceptables. Pour 25 euros, il vous est possible d’avoir un plat, un dessert et un café pour deux personnes. On en profite et on se détend à la terrasse d’un petit restaurant de centre-ville. Dès le repas terminé, nous marchons quelque temps dans les boyaux de la vielle ville, visitant une église très ancienne et profitant des quelques commerces ouverts en cette saison. Il est déjà 16H00, le temps pour nous de rejoindre la voiture dans laquelle Spooky nous attend. C’est l’inconvénient de partir avec son chien. Il faut toujours garder en tête de ne pas le laisser trop longtemps enfermé, même si les températures restent tolérables pour un mois de Mars.
Quelques kilomètres plus loin, nous décidons d’emprunter une piste dans la montagne qui rejoint une ancienne église orthodoxe du XIIe siècle pour y passer la nuit. Après quelques lacets sinueux, traversant des champs d’oliviers (pour changer), nous tombons sur le site. Un endroit paisible et verdoyant. L’église nous protégera cette nuit. Sur son flanc, nous découvrons un bassin alimenté par une source souterraine. Une aubaine pour nous laver avec une eau claire et presque potable. Le soleil brille et les températures montent, même à ces altitudes, nous nous sentons bien. Mais il faut redescendre et continuer notre route. Nous empruntons cette fois les nationales menant à de petites villes balnéaires qui commencent à attirer les touristes grecs. Cela ne nous déplait nullement. Après s’être isolé de la civilisation durant plusieurs semaines, on apprécie parfois la compagnie de locaux, amenant un peu de vie dans ces villes parfois « fantômes ».
Sur la route de Koliaki, nous trouvons, grâce à notre application, un emplacement de rêve pour déjeuner. Il s’agit de prendre une longue piste serpentant dans les collines. À quoi mène-t-elle ? Au plus beau de nos bivouacs en Grèce. Un véritable havre de paix. La plage est magnifique, des terrasses herbeuses offrent des emplacements de rêve pour le véhicule et l’eau de la baie est turquoise, presque irréelle. Nous sommes séduits et pour cause, malgré la difficulté pour atteindre ce lieu, nous fûmes rejoints par un autre 4×4 de voyageurs. Ils sont hollandais, quinquagénaires et voyageant sans limite de temps à travers l’Europe. Le temps de faire connaissance, le couple s’installe à quelques mètres de nous et nous décidons de les inviter à prendre l’apéritif au coucher du soleil. La soirée fut excellente et nous voilà amis avec des voyageurs que nous comprenons que trop bien. Leur véhicule ressemble au nôtre (Toyota Land Cruiser Troopy) et entre voyageurs précaires, ne possédant pas de camping-car luxueux, nous échangeons sur leurs expériences, pièges évités ou astuces pour la vie de tous les jours en 4×4. C’est une vraie belle rencontre et nous décidons de passer deux nuits sur le site. Le jour du départ, nous leur disons au-revoir et espérons les retrouver sur notre chemin. Qui sait ? Cela nous est déjà arrivé au Maroc avec un couple Brésilien dont nous vous avons déjà parlé dans un article de note blog. On s’embrasse et on se souhaite bonne chance, il nous en faudra.
Nous approchons d’Athènes. Nous ne sommes pas amateurs de grandes villes, encore moins de capitales. Mais cette fois-ci, notre visite aura un objectif différent. Depuis quelque temps, nous rejetons une fumée noire et dense par notre échappement. Le véhicule perd également beaucoup de puissance sans aucune raison et depuis nos problèmes avec la vanne EGR en Sicile, nous craignons que la panne ne se soit amplifiée. Après quelques recherches sur Internet, nous trouvons un atelier spécialisé dans l’entretient et la préparation de Land Rover (avec une préférence pour les Defender). Nous lisons les avis et commentaires des clients pour nous rassurer et décidons de rejoindre le workshop situé en plein centre d’Athènes. Après une longue discussion avec le chef d’atelier (qui parle un anglais parfait et c’est préférable quand il s’agit d’échanger des termes techniques). Nous nous mettons d’accord sur un prix et décidons de réparer la vanne ou les injecteurs qui pourraient être à l’origine de notre problème. Nous en profitons pour vidanger le moteur et changer les filtres principaux. Malheureusement, nous sommes vendredi et Lundi sera férié. C’est la fête nationale en Grèce et tout sera fermé jusqu’à Mardi matin. Heureusement pour nous, les mécaniciens de JKB land travaillent vite et ils nous proposent de récupérer le Def dès mercredi soir. C’est parfait. Il nous suffit de prendre un hôtel bas de gamme au Pirée et de réserver nos billets pour le ferry qui nous mènera à Chios, seule île desservant Izmir en Turquie.
Spooky a également besoin de maintenance. Nous arrivons à terme de la validité de son vaccin antirabique et nous savons que les douanes Bulgares de le laisseront jamais rentrer en Europe après avoir traversé la Turquie. Nous prenons donc rendez-vous avec un cabinet du centre du Pirée et sommes accueillis chaleureusement par la vétérinaire. Elle accepte même d’antidater le certificat de bonne santé au cas ou nous aurions du retard pour note entrée sur le territoire turque. Pendant ce temps, nous décidons de visiter un peu la ville. Le quartier de note hôtel n’est pas si mal finalement. Familial et regorgeant de petits restaurant typiques, nous profitons de notre semaine à Athènes pour nous reposer, manger au restaurant, nous promener et dormir dans un VRAI lit.
Sept jours ont passé. Il est temps pour nous d’envisager notre départ pour la Turquie. En cette période, aucun Ferry ne relie la Turquie au départ d’Athènes. Il nous faut rejoindre l’île de Chios ou Lesvos. Dès lors, il ne nous restera que 45 minutes de bateau pour atteindre Izmir (ou plutôt Cesme à quelques kilomètres). Nous décidons, en concertation avec l’agence du port de choisir Chios. Petite île perdue au milieu de la mer Égée, c’est un véritable caillou venteux. Rien de grandiose à découvrir mais c’est notre unique porte d’accès pour les terres perses. Une fois le véhicule descendu du Ferry, nous nous rendons compte que les conditions de vent sont préoccupantes. L’île est balayée par des bourrasques impressionnantes et il s’avère impossible de camper hors du 4×4. Même à l’intérieur, nos nuits sont courtes et torturées. Django bouge beaucoup, comme dans un bateau. On entend notre matériel sur le toit subir la pression du vent, ça craque, tout semble vouloir s’envoler et nous quitter à jamais. Nous n’avons pas le choix, il faut attendre trois jours avant de prendre la barge pour Izmir. Cela va être long, très long, trop long…
Dans notre inquiétude, nous sommes ramenés à des pensées plus positives après un message reçu sur notre téléphone. Ce sont les Hollandais. Ils sont à Chios et attendent tout comme nous un bateau pour la Turquie. Nous voilà rassurés. Quitte à souffrir, autant le faire à quatre. Ils ont loué un appartement dans le nord de l’île pour se protéger des conditions météo. Nous décidons de nous retrouver dans le sud et nous passons la matinée à prospecter les plages du coin afin de trouver la plus protégée. Après cinq ou six baies visitées, nous trouvons notre arche de Noé tout au sud. La partie Ouest de la baie possède une falaise incurvée offrant un « fragile » abris contre le vent. C’est notre meilleure option. Les Hollandais nous rejoignent et nous nous réjouissons de pouvoir passer du temps ensemble à nouveau.
Les retrouvailles sont chaudes et nous partageons les repas ensemble. Nous discutons de leurs projets futurs ou des nôtres. Encore une fois, l’ambiance est au beau fixe. Le lendemain, nous devons les quitter pour rejoindre le port principal de Chios pour prendre notre bateau. Les billets, déjà réservés nous laisse le temps d’arriver qu’une heure en avance au quai. C’est alors que je décide de repérer notre bateau. Il n’y a que quelques frégates militaires amarrées (présence de migrants Syriens sur les îles environnantes). Seule embarcation possible : un petit bateau de bois ne pouvant contenir qu’une petite voiture. Je m’inquiète et décide de rejoindre l’agence du port afin de clarifier la situation. On nous explique que les vents du jour sont violents et que le bateau ne partira pas. Mauvaise nouvelle pour nous. Nous demandons à l’agent de nous trouver une solution d’urgence. Elle nous répond qu’un plus gros bateau débarquera dans une heure et qu’il pourra transporter le Defender jusqu’à Izmir. Rassurés, nous retournons au quai et attendons patiemment.
Le bateau arrive. Il décharge plusieurs semi-remorques et des dizaines de passagers. Le navire est massif, plus rassurant que les embarcations de fortune repérées précédemment. Le passage aux douanes est douloureux. Les Grecs contrôlent le véhicule scrupuleusement et nous font risquer de rater le départ. Je discute en anglais avec ces derniers, tentant d’abréger la fouille, je déclare tout notre matériel, nourriture, alcool, ect. La douanière nous laisse finalement passer et nous découvrons que Django sera seul sur le plateau métallique réservé aux véhicules. Seule une moto appartenant à un voyageur Suisse nous accompagne. Il se rend en Mongolie par la Turquie et l’Iran. Les mariniers décident d’attacher solidement son bolide à la plateforme. C’est obligatoire pour lui. Les conditions de navigation vont être rudes et la moto passera par-dessus bord dès la digue passée. Il n’en est rien pour nous. Pas de sangles, pas de cales, rien. Je stationne le 4×4 bien au centre, tentant de bloquer deux pneus sur les larges butées de métal. Je vérifie que les fenêtres soient correctement fermées et ferme. Je rejoins le pont supérieur, inquiet.
Nous ingurgitons deux cachets de Mercalm. Seul remède efficace pour notre mal de mer. Le bateau sort du port et le cauchemar commence. Les premières vagues viennent fouetter le bateau. Ce n’est pas de l’eau mais des centaines de tonnes de rochers qui se fracassent sur la coque. Le bateau tangue énormément. Il faut s’accrocher pour ne pas finir par dessus-bord. Je m’inquiète beaucoup pour le 4×4. Je passe ma tête par-dessus le parapet et tente de l’apercevoir. Django bouge et glisse sur le plateau sur lequel atterrissent des vagues gigantesques. Je crains qu’il ne glisse définitivement et vienne percuter la coque du bateau. Ce serait une catastrophe et nous ne pouvons rien faire. Les mariniers tentent de nous rassurer mais c’est peine perdue. Je sais que la situation est critique et je ne peux que surveiller Django en espérant que les vagues se calment. Le bateau se tord littéralement. Le métal craque et on se dit que ces choses n’arrivent pas qu’aux autres. Nous n’avons que 45 minutes de traversée. Elles en paraissent une éternité. La météo ne se calme pas, elle s’amplifie à l’approche des côtes Turques. Le commandant tente d’approcher les vagues au mieux mais lutte désespérément.
Nous apercevons le port de Cesme, enfin. Protégés par les digues, le bateau récupère une assiette acceptable et je me précipite sur le pont inférieur afin de vérifier l’état de notre Defender ainsi que le chien (impossible de le maitre à l’abri dans la cabine). Spooky a tenu le choc, il n’a pas vomi non plus. Côté véhicule, aucune casse, juste du sel partout. Carrosserie, câbles électriques du panneau solaire, châssis. Il faudra tout nettoyer au karscher une fois arrivés en Turquie. Mais estimons-nous heureux. Le bateau n’a pas coulé et nous n’avons aucune casse sur notre 4×4. C’est ainsi que se termine notre périple en Grèce. Nous n’oublierons surement pas ce pays qui recèle de paysages sublimes et sereins. À ce jour, la Grèce représente notre véritable coup de cœur du voyage. L’accueil y est particulièrement chaleureux et leur culture, ancestrale reste à découvrir… Nous passons aujourd’hui de l’autre côté de la mer Égée. Chez l’ennemi de toujours : La Turquie. Partageant beaucoup de similitudes culturelles ou gastronomiques, nous sommes pressés de pouvoir traverser ce gigantesque pays, en espérant recevoir encore, découvrir, s’émerveiller devant tant de beauté du monde. Seule certitude : Notre parcours s’avère plus aventureux que jamais. Soyons à la hauteur
Résumé de notre mois en Grèce en cliquant ici